De Dupuis Frères à Simons : les grandes bannières qui ont marqué le commerce de détail au Québec

Essentiel à la vie économique québécoise, le commerce de détail représente 6 % du produit intérieur brut (PIB) de la province. Or, son implantation ne date pas d’hier. Certaines marques ont conquis les consommateurs dès le 19e siècle! Des grands magasins aux boutiques en ligne, en passant par les premiers centres d’achats, partons à la découverte des géants qui ont marqué le commerce de détail au Québec.
Au 17e siècle : la naissance de La Baie
Presque aussi « vieille » que la ville de Montréal, la Compagnie de la Baie d’Hudson fait des affaires depuis plus de 350 ans. Créée en 1670, elle est initialement impliquée dans le commerce des fourrures. Au 19e siècle, elle ouvre des magasins un peu partout au Canada, mais ce n’est qu’en 1959 qu’elle emménage dans son édifice patrimonial sur la rue Sainte-Catherine à Montréal. Cet immeuble appartenait auparavant à Morgan, magasin fondé en 1845, qui devient alors propriété de La Baie.
Au 19e siècle : le Mille carré doré
Époque de l’essor des grands magasins, c’est aussi au 19e siècle que la rue Sainte-Catherine devient le carrefour de la consommation. Morgan, Ogilvy et bien d’autres s’installent dans le Golden Square Mile de Montréal, un quartier situé au pied de la montagne et qui gagne le cœur des nantis. Par exemple, James Ogilvy fonde son magasin en 1866 sur la rue Saint-Antoine (dans le Quartier des affaires), mais celui-ci déménage dans un édifice du Mille carré doré en 1896.
Le déménagement des grandes bannières annonce une augmentation significative de leurs activités. Leurs boutiques jouissent de grandes baies vitrées pour mettre leurs produits en valeur, et avec l’arrivée de la vente par catalogue, elles étendent leur marché bien au-delà des frontières de la ville.
Mais il n’y a pas qu’à Montréal où les affaires vont bon train. John Simons, fils d’un immigrant écossais, ouvre une première boutique à Québec en 1840. Aujourd’hui, la chaîne compte plus d’une quinzaine de magasins à travers le Canada.
Les entrepreneurs francophones
Bien qu’on se remémore facilement les noms Morgan, Ogilvy ou Goodwin, les Canadiens français ne sont pas en reste. Grâce à leur talent pour le commerce, Zéphirin Paquet et sa femme bâtissent un empire à partir d’un modeste magasin de vêtements ouvert en 1848. Les affaires de la Compagnie Paquet prennent leur envol lorsqu’elle fait l’acquisition d’un immeuble de six étages à Québec.
À Montréal, les frères Dupuis, originaires de Saint-Jacques-de-l’Achigan, fondent un petit magasin en 1868. Connaissant l’importance de l’identité canadienne-française pour ses consommateurs, Dupuis Frères joue sur ses origines pour attirer la clientèle, et l’entreprise familiale gagne rapidement les faveurs des francophones.
L’ascendant des grands magasins se poursuit pendant de nombreuses années. Par exemple, Goodwin’s, aussi installé sur la rue Sainte-Catherine, est acheté par Eaton en 1925. L’intention de ce dernier? Prendre pied à Montréal et conquérir le marché francophone du Québec. Aujourd’hui devenu le Centre Eaton, l’édifice a fait l’objet d’investissements majeurs pour l’agrandir de plusieurs étages. Le Centre Eaton demeure l’une des plus grandes destinations de magasinage de Montréal.
À partir de 1950 : le règne des centres d’achats
Préférez-vous courir les boutiques dans les quartiers centraux ou fréquenter d’immenses centres d’achats en périphérie? Le sujet est encore chaud en 2021! Dans les années 1950, le développement des banlieues agit comme précurseur à l’essor des centres d’achats. Ceux-ci offrent de vastes espaces de stationnement, dans un contexte où la culture de l’automobile prend de plus en plus de place.
Les premiers centres d’achats ayant vu le jour n’ont toutefois pas l’allure du Quartier DIX30! Édifices sans ornement, ils accueillent des supermarchés, de grandes chaînes et un certain nombre d’autres boutiques. À Montréal, le Norgate Shopping Center, sur le boulevard Décarie, est considéré comme l’un des premiers grands centres commerciaux du Québec et du Canada. Il date du début des années 1950. À Québec, on identifie la Place Ste-Foy (1958) et les Galeries de la Canardière (1960) comme étant des pionnières. Le Salon de quilles St-Pascal, qui faisait partie de l’ouverture des Galeries, y est encore aujourd’hui!
Les années 2000 : l’essor du commerce électronique
La pandémie de COVID-19 a-t-elle changé le visage du commerce de détail? Elle en a assurément accéléré le virage numérique. Aujourd’hui, 44 % des détaillants réalisent des ventes en ligne, une augmentation de 8 % depuis février 2020.
Pour trouver les premiers audacieux à avoir ouvert une boutique en ligne, il faut toutefois remonter aux années 1990. Dès 1996, Sears développe une boutique numérique pour les Canadiens. D’autres détaillants lui emboîtent le pas dans les années 2000 : Aldo, Archambault, David’s Tea, DeSerres, Renaud-Bray et Tristan en sont des exemples non exhaustifs.
Depuis quelques années, de plus en plus d’entreprises vendent uniquement en ligne, comme Altitude Sports et KaseMe, tandis que d’autres commerces en ligne ouvrent des boutiques physiques – c’est le cas de Frank And Oak et de Womance.
Aujourd’hui, le commerce de détail fournit 11 % des emplois du Québec, ce qui en fait l’un des plus grands pourvoyeurs d’emplois dans la province. C’est un secteur présent dans toutes les régions du Québec et dont les bâtisseurs continuent d’inspirer les entrepreneurs d’aujourd’hui.