La santé psychologique des équipes de travail : au cœur de nos préoccupations!

Publié le 29 mars 21

En collaboration avec Sophie Meunier, chercheuse et professeure à l’UQAM, et Laurence Bouchard, candidate au doctorat en psychologie du travail et des organisations à l’UQAM

Pandémie et santé mentale

Les préoccupations liées à la COVID-19 ont eu des conséquences négatives pour la santé mentale chez 81 % des gens, selon une étude récente de Morneau Shepell. Une autre étude du Angus Reid Institute démontre pour sa part que les deux répercussions émotionnelles les plus fréquentes sont l’inquiétude (44 %) et l’anxiété (41 %). Une majorité de travailleurs déclarent un niveau modéré ou élevé de stress depuis le début de la crise.

Lors d’un récent webinaire de Détail Québec, les participants ont d’ailleurs indiqué ressentir certains facteurs de stress tels que la charge de travail, les difficultés de conciliation entre travail et vie familiale, le confinement, l’isolement, l’inconnu, etc.

 

Les principaux facteurs de risques psychosociaux au travail

Les principaux facteurs du milieu de travail pouvant avoir un effet néfaste sur la santé mentale des travailleurs sont :

La pandémie a nécessairement eu une influence sur ces facteurs et en a exacerbé plusieurs. Il est donc important de se questionner quant à la présence de ces facteurs de risque dans son milieu de travail et de trouver des stratégies permettant d’amoindrir leurs effets.

 

Portrait de la situation dans le commerce de détail

La COVID-19 a eu des répercussions négatives sur le commerce de détail (mises à pied temporaires, diminution des ventes, réorganisations, modifications des conditions de travail, etc.), lesquelles ont eu pour effet d’augmenter le niveau de stress général. Selon les données publiées par Détail Québec dans son rapport sur les effets de la pandémie sur le commerce de détail, plus de la moitié des employés (56 %) ont indiqué vivre davantage de stress depuis le début de la crise. Par ailleurs, 74 % des employés se considèrent comme satisfaits du soutien offert par leurs employeurs. Alors que les employés sont l’une des ressources les plus précieuses dans le commerce de détail et que l’on prévoit des difficultés de recrutement dans les années à venir, il est d’autant plus important de prendre soin des équipes de travail afin de garder le personnel en poste et en santé!

 

Comment reconnaître les signes avant-coureurs?

Il est important de demeurer à l’affût, au quotidien, des changements qui se manifestent à l’intérieur de nos équipes de travail. Plus vite vous remarquerez ces signes précurseurs, plus vite vous pourrez réagir, en offrant le soutien approprié à l’employé ou en le dirigeant vers les ressources à sa disposition. Il ne faut pas seulement s’intéresser à la baisse de performance, mais à la personne dans son ensemble.

Les cinq catégories de signes avant-coureurs et leurs manifestations :

 

 

 

 

 

Aborder les enjeux de santé psychologique

Il existe un certain inconfort à parler de santé mentale au travail. On estime que seul un employé sur trois se sentirait à l’aise de discuter d’une difficulté de santé mentale avec son employeur, tandis que 74 % des gestionnaires estiment qu’il est stressant de gérer un employé qui traverse un épisode dépressif.

 

Préparer la rencontre

Lorsque l’on souhaite rencontrer un employé qui présente des signes précurseurs d’une difficulté de santé mentale, il est essentiel de bien se préparer. Lors de cette rencontre, l’idée n’est pas de se transformer en psychothérapeute, mais bien de déterminer les manières dont on pourrait aider l’employé à retrouver son fonctionnement habituel au travail. Si l’on sent que l’employé vit de la détresse, il est possible de l’orienter vers des ressources spécialisées (voir ci-dessous). Pour bien préparer cette rencontre, il est nécessaire de tenir compte des points suivants :

 

Déroulement de la rencontre

Au moment de la rencontre avec l’employé, certains comportements sont à favoriser :

Par ailleurs, certains comportements sont plutôt à éviter :

 

Prendre soin de sa propre santé mentale

En avion, il est recommandé de placer le masque à oxygène sur soi d’abord avant de porter secours aux autres : il en va de même pour la santé mentale. Prendre soin de soi permet d’être plus disposé à prendre soin des autres. Voici quelques astuces à cet effet :

 

Effectuer des activités afin de recharger ses batteries

Toute l’énergie dépensée au travail doit être récupérée lorsque nous ne sommes pas au travail. Cela peut se faire de différentes façons et à différents moments. Il faut d’abord s’accorder des pauses durant la journée afin de décrocher du travail pendant de petits moments de récupération, soit en allant marcher ou en lisant un livre, par exemple. Exercer une activité qui vous permet de vous détacher psychologiquement du travail vous permettra aussi d’être plus productif au retour.

Il importe également de décrocher entre les journées de travail en accomplissant des activités qui diffèrent des tâches reliées au travail, par exemple. Il s’avère souvent que même si nous ne sommes plus physiquement au travail, notre tête y est encore. Pour y arriver, il est nécessaire de gérer les frontières entre le travail et la vie personnelle. C’est encore moins évident en contexte de télétravail, où nous pouvons être davantage portés à consulter nos courriels en soirée (ou à nous sentir coupables de ne pas le faire). Une coupure est nécessaire afin de bien récupérer.

 

Des ressources d’aide

 

Étude sur le télétravail

Le télétravail prend de plus en plus de place pour de nombreux travailleurs. Cette migration vers le travail à distance souligne de nouveaux enjeux pour les entreprises, qui doivent adapter leurs pratiques de gestion à cette nouvelle réalité.

Laurence Bouchard travaille actuellement à un projet de recherche portant sur la santé psychologique au travail. Vous faites du télétravail? Participez-y : https://uqamfsh.ca1.qualtrics.com/jfe/form/SV_5thFQ1CXQ7nwo61

Étude sur le télétravail

 

[1] Source : Institut national de santé publique du Québec, 2016, 2018, 2020.