Nicolas Duvernois – notre équipe, l’ADN de notre entreprise
Entrevue avec Nicolas Duvernois, PDG, Duvernois inc. (PUR Vodka et romeo’s gin)
Entrepreneur dans l’âme, Nicolas Duvernois a toujours eu la tête pleine d’idées. C’est en 2006, après avoir vécu une première expérience catastrophique en affaires, qu’il a décidé de fonder PUR Vodka. Ne connaissant absolument rien du domaine, c’est en tapant le mot « vodka » dans le moteur de recherche Google que tout a commencé. Aujourd’hui, Nicolas est le président fondateur de Duvernois inc., le plus important producteur indépendant de spiritueux au Canada. Leader visionnaire et créatif, il est très impliqué dans la communauté en plus d’être chroniqueur vedette au journal Les Affaires, idéateur du Mouvement ADOPTE INC., conférencier et dragon dans la populaire émission Dans l’œil du dragon, sur les ondes de Radio-Canada.
Comment la crise a-t-elle touché Duvernois inc.?
Ç’a été une période un peu folle. Il fallait se familiariser avec cette nouvelle réalité, comme le télétravail tout en ayant les enfants à la maison. Et nous nous inquiétions beaucoup pour nos proches vulnérables, ainsi que pour ceux qui travaillent dans des domaines plus à risques. Somme toute, chez Duvernois, je dirais que nous faisons partie des privilégiés. « Quand on se compare, on se console. » Je pense particulièrement à nos partenaires dans les secteurs de la restauration et des bars : c’est une hécatombe! L’équilibre est fragile. Puisque nos produits sont vendus dans plusieurs pays, une minute ça va bien et la minute suivante, tout peut s’écrouler.
On se rend compte que très peu d’entreprises étaient prêtes à affronter une telle crise. Nous entendons tous dire qu’il faudrait être prêts en cas de catastrophe et qu’il faudrait avoir des plans de continuité et des plans d’urgence, mais très peu le font vraiment. On voit des géants qui se sont retrouvés bousculés par la crise alors qu’on aurait pu croire qu’ils étaient mieux préparés. Nous avons tous le même défaut humain de nous dire qu’une situation aussi dramatique ne nous arrivera jamais. En 2020, nous avons compris que tout peut arriver! Une minute on est sur une terrasse à boire un cocktail et la minute suivante, on est confiné à la maison par obligation. Le virus ne fait pas de discrimination. Et la crise nous a confirmé que ce dont nous avions réellement besoin, c’était de voir notre famille et de passer du temps avec nos amis.
Comment en êtes-vous venus à réorienter vos activités pour produire du désinfectant pour les mains?
Comme tout le monde, au début de la crise, nous étions dans l’inconnu. Nous surveillions la situation en Asie et en Europe et nous voyions la vague arriver. Puis, j’ai eu l’idée de faire du désinfectant pour les mains après avoir reçu plusieurs signes. Alors que je parlais avec un ami qui travaille à la SAQ, il m’expliquait qu’il leur était difficile de s’approvisionner en équipement de protection et en désinfectant. Ensuite, une amie urgentologue me racontait que l’hôpital où elle travaille rencontrait également des difficultés d’approvisionnement en gel désinfectant. Puis un soir, en écoutant les bulletins d’information sur une chaîne américaine, j’y ai vu un reportage sur un producteur de gin du Vermont qui avait transformé sa distillerie pour produire du désinfectant afin d’approvisionner l’hôpital local. J’ai eu un déclic et ces trois indices m’ont poussé à foncer! Nous avions de l’alcool en quantité suffisante, alors je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Le lendemain, nous avons annoncé à l’équipe que nous allions prendre l’alcool destiné à la production de vodka pour en faire du liquide désinfectant. Aujourd’hui, notre division sanitaire est devenue une vraie entreprise et nous nous sommes associés avec les essuie-tout réutilisables KLIIN, ce qui va nous permettre de nous recentrer sur nos spiritueux.
Comment s’est exprimée la reconnaissance à l’égard de vos employés en cette période difficile?
Le comité de direction s’est réuni afin de trouver des façons de reconnaître le travail de notre équipe, car c’est elle qui compose l’ADN de notre entreprise. Comme le printemps a été une période assez chargée sur le plan du travail, nous avons mis en place un horaire d’été qui a permis aux employés de profiter de congés les vendredis pour une bonne partie de l’été. Le rôle de gestionnaire a évolué en l’espace d’une conférence de presse, avec la fermeture des lieux de travail et l’obligation du télétravail. Il nous faut aussi nous réinventer pour préserver notre dynamique d’équipe à distance. Nous essayons de faire en sorte que nos employés ne perdent pas de motivation et qu’ils ne se sentent pas seuls. Nous nous parlons quotidiennement par vidéoconférence. Nous envoyons un coffret cadeau quand c’est l’anniversaire d’un membre de l’équipe et nous essayons de le souligner d’une manière spéciale, même si nous ne pouvons pas nous voir en personne. Nous allons aussi organiser une rencontre virtuelle avec un physiothérapeute et un ergonome pour nous aider à être mieux installés et outillés pour le télétravail. Nous n’avons pas tous les mêmes installations ni le même espace à la maison, alors nous voulons nous assurer du confort et du bien-être de chacun.
Comment envisagez-vous l’avenir?
Les gens auront beaucoup vécu dans le numérique, avec le télétravail et l’achat en ligne, pendant un certain moment. Je souhaite que les prochaines années apportent un retour du balancier et que les consommateurs aient un regain d’intérêt pour l’expérience d’achat en magasin. Au Québec, nous sommes des entrepreneurs créatifs! Nous comptons beaucoup de PME, et l’entrepreneur de PME est le mieux placé pour se réinventer et innover parce qu’il a une flexibilité d’action et de décision. Ça apporte son lot de défis, mais ça peut aussi être très excitant. En ce moment, l’économie est malmenée et je souhaite que nous ne perdions pas trop de nos commerces. Les détaillants travaillent tellement fort, ça serait vraiment triste.