Êtes-vous un employeur juste?

Publié le 27 septembre 21

« Ce n’est pas juste! » Ressentez-vous cela face à certaines situations? Avez-vous déjà entendu cette phrase pendant une conversation avec un collègue ou de la part d’un employé? 

Grâce à leur nouveau livre Le sentiment d’injustice en entreprise: Anticiper pour assurer la performance, Jean-François Bertholet, Marie-Claude Gaudet et Christopher Robert lèvent le voile sur une problématique de gestion aussi importante que méconnue. Pour éveiller les gestionnaires sur le sujet, Détail Québec s’est entretenu avec M. Bertholet, consultant en développement organisationnel et enseignant à HEC Montréal, afin d’aborder la place qu’occupe le sentiment d’injustice dans le monde du travail actuel.

« Historiquement, la justice est une question de survie. » — Jean-François Bertholet

Une question de perception pour une expérience réussie

D’entrée de jeu, M. Bertholet explique qu’être juste ne repose pas uniquement sur le fait de prendre une décision juste. Le concept dépend tout autant de la façon dont la décision est présentée et sur quels facteurs elle s’appuie. En bref, « il ne suffit donc pas d’être juste, mais de générer une perception de justice » (citation tirée du livre).

« Être juste, ce n’est pas être égal. C’est être équitable. » — Jean-François Bertholet

Par exemple, la planification des horaires de travail est un défi bien présent dans le commerce de détail. Celui-ci peut être une grande source de frustration, malgré les meilleures intentions des différents gestionnaires. Alors que ça devrait être plutôt simple, la réalité est toute autre. En fait, celle-ci s’accompagne d’une forte pénurie de main-d’œuvre et d’un désir d’une meilleure conciliation travail-vie personnelle. M. Bertholet illustre l’exemple d’un employé qui se voit accorder une demande de congé par un gestionnaire qui y voit une opportunité de motiver ce dernier. Or, les autres employés pourront y voir une injustice et se sentir grandement démotivés.

Une condition fondamentale

Vos employés sont vos meilleurs ambassadeurs. Or, ils peuvent au contraire ne faire que le strict minimum s’ils jugent que leur traitement n’est pas équitable. C’est de ce constat que peuvent émerger certaines démissions ou vols (de temps, d’argent ou de biens). « Dans leur tête, ils ne volent pas, ils se remboursent. », explique M. Bertholet.

D’ailleurs, selon M. Bertholet, « [la justice] est le plus grand prédicteur de rétention de personnel ». Comme la marque employeur est dorénavant mise à l’avant-plan, la justice organisationnelle joue un rôle important en matière d’expérience-employé. Cela débute dès le processus de recrutement où la diversité en entreprise est recherchée. Cependant, il suffit d’abord de sélectionner le meilleur talent, peu importe son âge, son sexe, son origine, son orientation sexuelle ou toute autre caractéristique. Comme affirme M. Bertholet, la meilleure allocation des ressources contribuera simplement à la performance de l’entreprise.

« Dans le commerce de détail, pour se démarquer, on veut une expérience. Mais [le client] ne peut pas avoir une expérience wow quand les [employés] sont traités avec injustice. » — Jean-François Bertholet

L’expérience-employé aura ainsi une influence directe sur l’expérience du consommateur. Mesurer le sentiment de justice à l’interne est donc une façon d’assurer la satisfaction de la clientèle.

Un indicateur essentiel

Maintenant, que devez-vous faire? Commencez par faire l’analyse de vos pratiques et engagez la discussion au sein de votre organisation.

  1. Est-ce que vos superviseurs savent comment agir de manière juste? En cas de non-réponse, la première option devrait être de leur offrir de la formation sur le sujet. Autrement, ils pourraient ne pas être outillés pour identifier les injustices que leurs collègues peuvent ressentir.
  2. Est-ce que vos pratiques de gestion sont justes? Évaluer vos pratiques et mettez en place des procédures afin d’assurer la justice dans les décisions. Celles-ci constitueront une première base de référence sur laquelle s’appuyer au moment d’un processus décisionnel.

La justice devrait se retrouver aux côtés de l’engagement, de la mobilisation et de ces nombreux indicateurs qui sont mesurés au sein d’une entreprise. Une telle mesure permet par ailleurs de créer de l’imputabilité liée à ce facteur. Au même titre que vos leaders prennent action pour mobiliser leurs troupes, ils seront plus attentifs à la justice de leurs décisions. En prime, si c’est communiqué ouvertement, vos employés auront confiance qu’ils seront traités avec justice même si les décisions ne leur conviennent pas toujours.

« Assurer l’équité et la justice dans ses décisions, c’est assurer ta performance aussi. » — Jean-François Bertholet

Pour en savoir plus sur le sujet, procurez-vous le livre. Vous y trouverez notamment des fiches conçues pour guider les gestionnaires dans leurs décisions quotidiennes.